C’est l’histoire d’un castor au bord d’une rivière,

Ce castor-là voulait construire un château fort

-L’histoire n’est pas d’hier-

Un château fort en bois, très grand, très fort,

Comme il se doit.

Arrive la marmotte : «- Castor tu ne peux pas

Construire un château fort, tu n’es pas assez fort !

– Avec mes dents, tu vois, je découpe le bois,

Et j’ai un tas de bois très grand, jusqu’au ciel,

La marmotte, tu chipotes.»

Puis le canard, toujours en retard

Arrive et dit : «Y’a pas d’ lézard,

Ton château c’est bonnard,

La marmotte, elle, chipote.»

Retourne dans la montagne, marmotte,

Dormir comme une marmotte,

La rivière est pour les castors

Et d’abord tu chipotes !

Le cheval au galop fait le beau

Il piétine le tas –sabotage !-

«Eh ! Dis, donc toi, tu ne vois pas

Qu’ici il y a mon bois ?»

L’étalon demande pardon

Et tourne les talons.

Arrive le héron, tout gris comme la cendre,

Il dit : « – Devant ton fort il faut construire un pont

-un pont en bois-

Par-dessus la rivière qui ne date pas d’hier.

– Héron, je suis castor et je construis un fort,

Pas un pont, héron, pas un pont,

Un fort très grand et fort, presque jusqu’au ciel. »

Canard, peinard, un peu plus tard,

Lui dit qu’un pont pour les fripons

C’est pas si bête et même chouette ;

La belle castor pourrait alors venir au fort

Lui apporter du miel et grimper jusqu’au ciel.

«J’ai plein de bois, j’aime bien le miel,

Je ferai un très grand fort

Et un pont tout devant.

– Alors un pont très grand ?

– Non, non, un petit pont, patapon.»

Le poisson-lune dans la rivière,

Demande : « – C’est quoi un fort ?

– Mais t’es bête comme une prune, la lune,

C’est un château très fort, jusqu’au ciel. »

Le poisson-lune, bête comme prune demande :

« – C’est quoi un ciel ?

– C’est là où il y a la lune, tête de prune,

Qui te ressemble tant.

– Je croyais que c’était ma maman,

Elle me ressemble tant !

– Mais non, c’est la lune, tu es un poisson-lune,

Tu vis dans la rivière qui ne date pas d’hier

Et d’ailleurs attention, je vais bâtir un pont ! »

Le castor redoubla d’efforts pour construire son fort,

Chaque jour un petit peu plus fort,

Presque jusqu’au ciel.

A la nuit arriva la chouette,

Elle dit : « Ton fort ! Qu’il est chouette ! »

HMB

2005