PARADIS PERDU
« Ô maison, j’ai recraché la pomme,
Ôte-moi ce vieil habit d’homme ! »
Dit le loup à la lune un soir sous le bitume
Comme le fou sur sa dune râlait devant l’écume.
Des jours que sonne le glas
et le pas ne meurt pas
D’alterner ses solitudes
Sous couverts d’habitude.
Ô raison ! J’ai renoncé aux sommes
D’insensés sentiments et découpé la pomme.
Au salaire d’être fier ajoute les rivières
Qui charrient les poisons de la Terre.
Horizon ! Cesse d’avoir l’air si long,
Avoue que tu n’es qu’illusion,
Reprends tes pépins et congèle-les
Nous, nous n’avons semé que tondus et pelés.
Les lyres s’égosillent et les rois restent à terre,
Quand la guerre s’en prend à ses pairs.
Et puis c’est tous les jours ainsi :
L’or est là, on le tue
Pour amasser discrètement
Quelques preuves d’incrédulité,
Quelques billets et pièces dorées,
Quelques gouttes d’huile à brûler,
Enfin tout ce qui pue
Et tout ce qui n’a pas d’odeur
Pour éviter celle de la peur ;
Passagère des navires libres,
Belle amie.
Odieux humains qui de l’autre êtes l’enfer
Grappillez bon, pas un radis ne sera perdu.
HM
1999