Comme une envie un peu malsaine
De jouer à mouton pendu
Avec les cochons du quartier
Et d’aller faire peur dans les rues
A tout c’qui s’lave trop et qui pue
J’crois qu’j’suis pas fait pour le bonheur,
Y a mal-donne, c’est une erreur…
Vous m’faites tous braire,
J’vais voir ailleurs !
Comme une envie de mettre en scène
Les drames que vous voulez pas voir
De vos gros yeux de merlans frits :
Puisque vous avez peur du noir,
Moi c’est décidé je m’enfuis !
Et vous trouverez dans les journaux
Auxquels sont abonnés les veaux
Que je suis le pire des salauds :
Le mouton noir à côté c’est du pipeau !
J’vais m’faire refondre la toison d’or,
Ça me f’ra joli des picots
Bien disposés en tête de mort,
Gros clous d’or plantés dans le dos.
Vous f’rez la moue, j’s’rais pas tondu,
Bande de ragouts, tronches de vendus,
Allez donc bêler vos ragots,
Ça donnera bon goût au gigot !
Comme une envie un peu obscène
De mettre mes tripes à la mode fou l’camp..
Si vous pleurez assez longtemps
Pour savoir c’qu’est un sentiment
Moi j’s’rai déjà bien loin devant !
Pour entériner votre chagrin
J’mettrai à mal tous les desseins;
La belle carrière de fantassin
Qu’aurait pu racheter le destin
On en r’parlera dans cent piges
Du retour du mouton prodige,
Ce s’ra pas moi, bouffez-vous l’foi,
Ou bien priez devant une croix,
Vous avez le choix !
(extrait de la comédie musicale « Le mouton » Hélène Marthe Bourgeais 2011-12)